top of page

TERRE DE BAS DES SAINTES  : UN RICHE PASSE

​

L’héritage amérindien

​

Avant la colonisation européenne l’archipel des Saintes fut déjà un lieu de passage pour les Amérindiens. Ceux-ci y ont laissé les traces de leur passage  : poteries, herminettes en conques de lambis utilisées pour l’abattage des arbres se trouvent encore facilement. Les Saintes (Caaroucaera) comme Marie-Galante (Aulinagan ou Aïchi) voient la constitution de jardins dans lesquels les Amérindiens pratiquent  la culture du coton ou du manioc.

​

Le témoignage le plus probant de leur passage est le village amérindien établi à Grande Anse, près du lagon. Ce village  a été daté par les archéologues de l’université de Leyde aux Pays-Bas de la première moitié du 13ème siècle. Le corps  d’un chef arawak repose encore sur les lieux. 

Terre de Bas entre dans l’histoire avec Christophe Colomb qui découvre l’archipel le 3 Novembre 1493 lors de son second voyage.

L’archipel demeure cependant un territoire Caraïbe, jusqu’au milieu du 17ème siècle. Les Français tentent à plusieurs reprises d’y établir des colonies. Mais cela demeure très difficile. C’est après 1660 que la colonie s’établit définitivement, sous la direction de monsieur Desmeuriers  premier commandant militaire du quartier des Saintes.

 

Les débuts de la colonisation  :

​

Le berceau de la colonisation est Grande Anse. Le mouillage des Saintes est l’espace maritime situé en face de la plage, entre la Pointe Noire, l’Ilet à Cabrit et le Pain de Sucre. Les vaisseaux mouillent au large et les passagers descendent en chaloupe, soit à Terre de Bas, soit à Terre de Haut.

Les 400 habitants, en majorité des blancs, vivent de la production des vivres (pois et maïs). Un intense trafic se fait aussi avec les pirates ou corsaires qui viennent échanger les produits de leurs prises et se ravitailler discrètement la baie des Saintes.

Contrairement à une légende aussi bien établie que totalement fausse, les premiers colonisateurs ne sont pas bretons, mais originaires de Normandie,  de la région charentaise, et accessoirement du reste du royaume de France.

Un détail  : la présence d’une demi –douzaine de familles d’origine hollandaise, dont certains patronymes sont bien présents dans l’île.

Il n’existe pas de bourg. Chaque propriétaire réside sur sa plantation. Il y travaille et s’y fait enterrer, à sa mort. La population se rassemble le dimanche pour écouter l’office. Le curé des Saintes  réside à Grande Anse où se trouve la chapelle

​

18ème siècle  : l’essor de la poterie

​

Faire la liste des différents propriétaires de la poterie entre 1750 et 1850 c’est citer les Saintois qui comptent à cette époque  : Mézard, Classe, Deher, Sainte-Marie-Grizel. Pourtant c’est la venue de Fidelin qui va donner son essor à la poterie. Celle-ci est située à Grand Baie. Très tôt elle va employer 150 personnes,  soit 1 habitant de l’île sur 4.

La poterie  produit avant tout des formes pour les pains de sucre. Cette production est absolument nécessaire pour les habitations sucrières de l’époque. Le système de poteries de Terre de Bas (il y en a 3 en tout) ajouté à celui de Fidelin à Trois Rivières est au centre d’un commerce intracaribéen visant à approvisionner sans doute des centaines d’habitations sucrières (celles qui ne possédaient pas elles-mêmes une poterie sur place.

A part la poterie et les vivres, de nouvelles spéculations apparaissent  : l’indigo, le café et le cacao. Terre de Bas produit un excellent moka dont on peut encore voir les derniers restes en divers points de l’île. (Napoléon Bonaparte ne voulait que du café de Terre de Bas à sa table et Louis XVIII l’imita en cela).

Sont témoins de ce passé une série d’habitations montrant l’aisance des  gros propriétaires fonciers  : poterie de Grand Baie, Habitation L’Etang, habitation Leroy Prudent, habitation Houëlche à l’Anse à Chaux.

Beaucoup plus dégradés sont la maison des Lasserre à Case Cap, ou Dèhiè Ca Paul (la Canelière), sans compter les nombreuses ruines dont l’histoire populaire a oublié les noms de propriétaires.

19ème siècle L’essor des bourgs.

Le premier bourg de l’île est Petites Anses, fondé en 1817 par Sainte-Marie-Grizel. Le principal habitant de l’île y fait construire la première église et dote les prêtres de biens fonciers destinés à assurer leur subsistance  : ce qu’on appelle les Tè à pè (terres curiales) sont situées depuis le cimetière et couvrent une bonne  partie sud du Bourg. Le rôle déterminant des Grizel est rappelé par la plaque de marbre située au cimetière à Petites Anses.

Le bourg de Grande Anse naît lui de l’abolition de l’esclavage. Les environ 150 à 180 personnes travaillant et habitant sur la Poterie vont se retrouver à Grande Anse.

Les bourgs se développent et les habitants se tournent vers une autre activité, la pêche. Les Saintois qui étaient avant tout agriculteurs, à la notable exception des activités potières trouvent dans les métiers de la mer une autre source de revenu.

Les deux bourgs ont des relations différenciées avec l’extérieur.

Les deux anses de Petites Anses sont bien protégées des vents dominants et assurent une liaison facile avec la capitale de l’île, Basse-Terre.

Grande Anse lui est tout proche de Terre de Haut qui possède  sur place le minimum d’équipements qui  trop souvent fait défaut à Terre de Bas. Terre de Haut est plutôt tourné vers Trois-Rivières et Capesterre, capitale politique du canton dans lequel les Saintes sont englobées.

N’oublions pas les plantations de Bois d’Inde qui ont donné naissance à au moins deux distilleries, l’une à Grand Baie, 

site de la poterie et l’autre dans les années 1920 à Petites Anses dans Fond

​

1950  : le monde moderne débarque

​

Electricité, moteurs marins, automobiles, réfrigérateurs  : ces «  nouveautés  » technologiques débarquent à Terre de Bas au tournant de 1950. Ces nouveautés changent la vie des 1500 Saintois de Terre de Bas, rendant la vie moins dure, et les revenus tirés de la pêche plus conséquents car moins aléatoires. Le poisson peut être conservé plusieurs jours. On peut aussi aller plus loin. La forme du canot saintois change

. Les anciennes embarcations marchaient à la voile et  devaient «  monter à la lame  », les canots actuels ont un fond plus plat et doivent fendre les vagues.

A ce moment Terre de Haut mieux équipée se lance dans l’activité touristique, ce qu’à Terre de Bas on néglige. Cependant, ce retard dans l’activité touristique nous permet aujourd’hui d’offrir un cadre naturel peu touché par l’homme.

De son passé, Terre de Bas nous lègue les témoignages de sa splendeur passée  : nombreuses ruines d’habitations créoles, patrimoine naturel in comparable, plantes  du passé, plantations de café et de cacao, forêt de Bois d’Inde.

C’est au visiteur de savoir s’approprier l’usage de ce bien commun que nous saintois de Terre de Bas avons conservé pour lui.

Quelques saintois célèbres  :

Les commandants militaires Desmeuriers (17ème siècle), Rivière (début du 18ème siècle) et Sainte-Marie-Grizel (fin 18ème/début 19ème siècle)

Edouard L’Etang, créateur de la dynastie des L’Etang, qui donna deux maires à la commune (Justinien et Eugène L’Etang au 20ème siècle )

Les armateurs Gérard Petit, Maximin Nadille et Victor Vala qui ont ouvert la voie à l’armement Brudey Frères au cours du 20ème siècle.

Mentionnons enfin deux intellectuels de haute tenue  :

Eloi GERMAIN, directeur d’école

Monseigneur MAGLOIRE, 1er prêtre noir guadeloupéen, 1er évêque guadeloupéen dont la personnalité abrupte et les qualités humaines ont éclairé la vie de l’Eglise catholique guadeloupéenne entre 1930 et 1980

​

bottom of page